dimanche 26 octobre 2014

1ère consultation FIVDO (bis)

Nous revenons tout juste de notre quatrième séjour FIV à Barcelone. Comme convenu, nous sommes allés cette fois chez IVI et je peux donc faire mes premières comparaisons. 

Organisation
J'ai trouvé la première consultation moins bien organisée que celle d'Eugin: plus de 3 heures passées à IVI dont beaucoup d'attente. A IVI, il n'y a qu'une salle d'attente par étage, entre chaque entretien (avec le médecin, avec l'infirmière...), on retourne s'asseoir et on patiente avec plein de monde autour. A Eugin, il y avait plein de petites salles et on attendait seuls ou avec un ou deux autres couples maximum. A IVI on vient nous chercher en disant notre nom devant tout le monde alors qu'à Eugin on avait un numéro personnel qui s'affichait et on savait quand on devait se lever sans que notre identité soit "dévoilée". Dans un pays étranger, ça m'est un peu égal, mais dans mon pays, comme j'ai un nom de famille ultra rare, ça aurait pu me gêner. 
Pendant cette consultation, on a rempli pas mal de documents qu'à Eugin nous avions reçus par mail et que nous avions pu lire et compléter tranquillement à la maison. Du coup ça allait plus vite chez Eugin et la consultation avait duré moins longtemps alors même que nous avions plus de questions puisque c'était notre première FIVDO. 
L'établissement du dossier a pris du temps parce qu'ils sortaient les documents ou les imprimaient au fur et à mesure, c'était un peu décousu et parfois l'infirmière pensait que nous n'avions pas certains documents alors même qu'elle venait de nous les donner: pas franchement rassurant. 
Le point positif, c'est que j'ai trouvé cette manière de faire moins formatée et plus personnalisée. Le temps semblait moins compté et il y avait plus de souplesse dans le timing. 

Les autres patients
J'ai remarqué que nous n'étions que peu de patients étrangers. La grande majorité des personnes qui se trouvaient dans la salle d'attente étaient espagnols et l'ambiance était un peu différente: beaucoup parlaient entre eux et il était même difficile de savoir avec certitude qui était venu avec qui. J'ai trouvé ça assez sympathique. 
Nous étions venus avec notre fils et nous n'étions pas les seuls. Maintenant que j'ai un enfant je supporte évidemment très bien les enfants des autres en salle d'attente, mais j'aurais trouvé difficile, il y a deux ans, de me retrouver nez à nez avec des petits enfants qui représentaient alors un inaccessible Graal. Même mon mari, qui m'a toujours reproché mon côté envieux pendant nos essais, m'a avoué qu'il aurait trouvé ça pénible. Bien sûr, le côté positif pour ceux qui viennent sans enfants et qui voient ceux des autres en centre FIV, c'est qu'ils ont sous les yeux la preuve que les techniques de PMA fonctionnent, mais quand même... je crois que ça m'aurait fait mal et j'ai eu l'impression de mettre certains couples mal à l'aise. 

Confort
Bien meilleur chez Eugin. En particulier, d'après mon mari, en ce qui concerne la salle de "recueil" où je ne l'ai pas accompagné. Je me demande d'ailleurs si à IVI ils ont une petite salle pour se détendre après le transfert comme chez Eugin. J'avais bien apprécié. 

Médecine
Le médecin est français, comme chez Eugin. Il n'avait pas une présentation toute prête et bien léchée comme chez Eugin, mais il a pris vraiment beaucoup de temps pour répondre à nos questions et nous expliquer le procédé. Par contre il se braquait un peu lorsque l'on parlait d'argent alors que, malheureusement, il me semble difficile d'occulter cet aspect dans ce type de consultation. Par exemple, je veux bien faire plus de transferts avec moins d'embryons, mais je ne peux pas non plus nier le fait que si je viens plusieurs fois, je paie plusieurs fois, et que cela pourrait bien poser problème un de ces jours. 
En tous les cas, il a été dans le même sens que mon médecin genevois: on part sur le transfert d'un blasto de J5 et non de deux ou trois J3. Lui aussi semblait trouver carrément déraisonnable de transférer 3 embryons pour un deuxième transfert. Là-dessus, on est d'accord, je ne voulais pas risquer à nouveau cette situation pourrie dans laquelle je me disais: "j'espère que ça a marché, mais j'espère aussi quelque part que l'un d'eux n'a pas tenu"... trop paradoxal. Il a demandé plus de résultats d'examens que le premier médecin et nous a semblé plus pointilleux. 
Autre différence: on nous assure 10 ovocytes. Si la ponction en donne moins, le cycle est annulé (on ne le paie pas) et on recommence plus tard. Cela semble nous assurer suffisamment de blastos même si on attend le cinquième jour. Chez Eugin on était parti avec 6 ovocytes, et on avait obtenu 5 embryons. Ce qui me trouble, c'est qu'alors chez IVI on aurait annulé le traitement alors même que c'est bien ce cycle-là qui m'a donné mon fils... Apparemment, 6 ovocytes, c'est très peu et ça laisse penser qu'il pourrait y avoir eu partage d'ovocytes entre plusieurs receveuses. Je ne sais pas, je n'ai jamais posé la question avant. En tous les cas IVI annonce ne pas partager et c'est peut-être pour cela qu'ils peuvent se permettre de fixer la limite à 10 ovocytes. 

Prix
Un peu plus cher chez IVI. Mais il y a cette "garantie" des 10 ovocytes qui pourrait justifier la différence de prix. Et puis Eugin a peut-être augmenté ses tarifs entre temps (à l'époque le devis du mois de décembre était moins élevé déjà que celui du mois d'octobre). 
Il est annoncé que si le cycle ne donnait rien, il y avait une réduction sur le second (je n'ai plus les chiffres en tête). J'apprécie le geste mais je flippe aussi un peu: ils annulent souvent des cycles?! 

Suivi
Cette fois aussi, on nous a donné un numéro que l'on peut appeler quand le besoin se fait sentir, et le mail de notre référante. Je ne sais pas si cette fois on sera en contact toujours avec la même personne. La première fois c'est ce que l'on nous avait dit, et on nous avait donné un nom précis, mais nous n'avions finalement jamais été en contact avec cette personne, toujours avec des autres. Le médecin nous a dit que l'on pouvait lui demander de rappeler et qu'il le faisait dans la journée. Là aussi, je suis un peu sceptique, mais je trouve que ce serait bien: je n'ai pas trop aimé, la dernière fois, parler systématiquement à une nouvelle personne. 

Conclusion
On va partir avec IVI parce qu'ils nous semblent sérieux d'un point de vue médical et parce qu'ils nous ont été recommandés par des personnes de confiance. C'est étrange parce que je dois admettre que si on avait visité les deux cliniques le même jour il y a deux ans, on aurait certainement choisi Eugin! J'espère que je ne fais pas le mauvais choix: je suis prête à perdre un peu niveau confort, image, etc. mais j'espère vraiment qu'on y gagnera niveau suivi et compétences. Affaire à suivre! 

Pour la suite, donc... je dois envoyer quelques examens encore et ils doivent terminer les analyses de mon mari (qui n'avait rien fait ici pour cause de travail, ce qui nous fait perdre quelques semaines, grrrrr) mais dès qu'ils ont tout ça ils se mettent à chercher la donneuse (si ce sont des ovocytes vitrifiés, j'imagine qu'ils peuvent déjà chercher avant, sinon on attendra peut-être un peu plus) et tout cela fait que nous pourrions avoir un premier transfert en novembre... C'est proche finalement...  

dimanche 12 octobre 2014

A nouveau dans la course

Un grand bonjour à toutes! Depuis le temps... j'imagine que certaines avaient oublié jusqu'à l'existence de mon blog;) de mon côté j'ai continué à vous lire, même si je me suis faite plus distante. J'avais besoin je crois de me sentir "normale", de mettre la fivdo derrière moi pour quelques mois, d'éviter certaines questions existentielles liées au don pour vivre le plus sereinement possible cette première année avec mon fils. 

Je reviendrai sur cette vie-là, que j'avais tant désirée et qui, que ce soit un encouragement pour celles qui cheminent encore, a répondu si bien à toutes mes projections. Je reviendrai aussi sur la vie de famille et les rapports parfois compliqués avec le papa... 

Les joies et les peines de cette année n'ont finalement pas de lien réel avec le don, elles sont celles de beaucoup de mamans débutantes et je ne me suis pas sentie différente de mes copines qui ont fait leurs bébés dans leur chambre à coucher. 

Mais maintenant, on y revient! Bébé 2 a toujours fait partie des plans bébé 3 et bébé 4 aussi d'ailleurs, mais la vie nous dira ce qu'elle fait de nos plans. Nous attendions donc le délai d'un an post-césarienne recommandé par les gynécos pour envisager la suite. Entre temps, il y a eu l'interrogation quant à la donneuse la même? pas la même? si oui pourquoi? si non pourquoi? qui est en train de connaître son épilogue: nous pensons changer de clinique et la question ne se pose donc pas si nous allons ailleurs. 

Ce qui m'amène à la question du moment: est-ce que l'on retourne chez Eugin ou est-ce que l'on tente IVI? J'ai pris contact avec IVI et nous avons rendez-vous à la fin du mois. Première constatation: ils sont plus chers. C'est positif (ils sont plus chers, c'est donc qu'ils assurent un meilleur suivi?) ou négatif (c'est juste du "marketing" et ils se font mousser en étant plus chers que les autres)

Ce qui me pousse à changer? Le suivi post-naissance ne m'a pas tellement plu. J'ai eu l'impression qu'une fois que mon résultat positif leur était parvenu, la suite ne les concernait plus tellement et ils ont été un peu maladroits quand ils m'ont dit avoir contacté la donneuse. Ca lui a donné une réalité à laquelle je n'étais pas prête à être confrontée. Je ne voulais pas "passer commande" et solliciter une personne en particulier, je suis déjà assez gênée par l'idée de devoir compter sur quelqu'un d'autre que moi pour faire un enfant pour ne pas en rajouter. Je ne sais pas si j'arrive à exprimer mon sentiment. 

Et puis il y a cet argument chez IVI: ils ne partagent pas les ovocytes entre différentes receveuses. Est-ce que cela veut dire que ceux qui n'abordent pas cette question le font? Est-ce que cela explique la différence de prix? Je m'aperçois que ces questions-là, je ne me les suis pas réellement posées la première fois. Peut-être que dans ma tristesse, dans les doutes de la div do, la peine du diagnostic, l'urgence de mon désir de maternité, mon besoin de réparation, je n'arrivais pas à me questionner au-delà d'une certaine mesure et que maintenant que certaines craintes se sont apaisées, d'autres sont venues les remplacer. Est-ce que je chipote? Est-ce que je cherche toujours la petite bête? 

Certains doutes ont donc subsisté, par exemple la question de l'anonymat qui ne me convainc toujours pas mais avec laquelle j'ai accepté de vivre en faisant la fiv en Espagne. Et cette question du choix de la clinique. Comment savoir que l'on fait le bon choix? Que personne ne souffre ou n'est mis à mal par mes choix? Avant mon fils, la question de la ressemblance, par exemple, me pesait pas mal. Je me demandais non pas si mon fils me ressemblerait trait pour trait, mais si je le reconnaitrais réellement comme "mien". Cette question a été balayée par la naissance et par le quotidien, mais subsistent ces questions éthiques qui me bouleversent toujours autant. Il y a cette envie de "réparer" cette ménopause que j'ai vécue comme une injustice, mais cette crainte aussi d'être moi aussi, en faisant un choix plutôt qu'un autre, injuste. 

Aïe, j'aurais aimé revenir sur une touche plus joyeuse, plus insouciante, mais peut-être que l'on ne change jamais réellement, et peut-être que la solution ne sera connue que quand mon fils pourra me dire s'il accepte tout cela. 

Je me demande si ces "problèmes de riches" trouveront écho auprès de vous qui me lisez, peut-être, encore. Je me demande aussi si tout cela sera jamais résolu. En tous les cas la vie risque bien, je l'espère, une fois de plus, d'être plus rapide que mon cerveau et d'avancer avant que toutes les réponses soient trouvées. Si vous en avez quelques unes, ou du moins des pistes, je tends l'oreille. 

mercredi 30 avril 2014

6 mois avec lui


J'ai eu beaucoup de chance et après la naissance de mon fils, j'ai pu avoir 6 mois de congé maternité. Un peu payé, un peu pour ma pomme, mais peu importe: 6 mois juste pour nous, pour devenir sa maman, pour le découvrir, le voir grandir, grandir aussi un peu, voyager avec lui, le présenter à tout le monde, le photographier, l'embrasser des milliers de fois, le cajoler, le bercer, le baigner, le contempler, lui chanter des chansons, le nourrir, le couver du regard, vérifier qu'il respire, l'entendre rire aux éclats, etc, etc, je m'emballe. 

Etre sa mère, c'est juste la meilleure chose qui pouvait m'arriver, ça a failli ne pas arriver  et je suis terriblement reconnaissante, merci la donneuse, les médecins, mon mari, les fiveuses qui m'ont soutenue, ma famille, les quelques amis qui étaient au courant, merci la vie. Je ne suis pas complètement débarrassée de mon amertume et de mon légendaire cynisme, mais j'y travaille (enfin, non pas tellement en fait, mais j'y travaillerai un jour)

J'ai repris le travail et je m'attendais à ce que ce soit dur pour moi et facile pour lui. En fait c'est le contraire. J'ai certes passé un dimanche horrible, hyper nerveuse, tendue, agressive et le soir j'ai fondu en larmes en couchant mon petit, me disant que dès le lendemain matin les choses seraient très différentes, mais dès que je suis arrivée au boulot, je me suis sentie à ma place. Bien dans ma classe, bien avec les collègues. Et puis quel confort à midi de pouvoir m'attabler sans avoir cuisiné avant, quel calme, quel plaisir de parler à des adultes sans s'interrompre toutes les trois minutes! Bien sûr j'avais appelé ma mère quatre fois dans la matinée, mais tout allait bien. L'après-midi les choses se sont gâtées: à 15h00 bébé s'est coincé le doigt dans un jouet et n'a cessé de pleurer jusqu'à mon retour à 18h30. Je l'ai retrouvé énervé, fiévreux, mais tout content de me revoir. Depuis, s'il ne pleure pas quand je pars, il refuse de manger avec ma mère et ne lui décroche pas un sourire tant que je ne suis pas là. 

Tout cela me surprend énormément: je suis surprise d'avoir autant de plaisir à travailler à nouveau (définitivement: la vie au foyer ne me réussit pas), et je suis surprise que mon bébé soit aussi attaché, c'est un peu comme si je ne réalisais pas encore à quel point je suis pour lui irremplaçable. Qu'il le soit pour moi, je n'en doutais pas, mais cette réciprocité est une vraie découverte (oui, j'ai inventé l'eau tiède)

Et la suite?! 

Après une consultation de routine chez mon dermato de chez qui je suis sortie en demandant à mon mari de bien vouloir m'appeler Benjamin Button (il m'a mis le moral dans les chaussettes en me parlant de ma peau fragile qui - du fait de ma ménopause - allait vieillir vite... ) j'ai fait le pas et ai pris rendez-vous chez un spécialiste de la ménopause. J'avais un peu les chocottes et je repoussais depuis des mois. On m'avait parlé de traitement hormonal substitutif tant en Espagne qu'en Suisse mais j'avais peur et surtout j'avais fait comme une overdose de médocs, de médecins, d'hôpitaux... (je sais que vous voyez). Bref, j'ai appelé, pris rendez-vous... (je vous raconte la secrétaire? "vous êtes ménopausée?" "oui" "mais attendez, vu votre date de naissance, je vais mettre troubles du cycle, parce que bon, c'est un peu tôt" sans blague, connasse, moi aussi je trouve) suis allée au rendez-vous avec une copine parce que j'avais peur et que mon mari ne pouvait pas ce jour-là... et là: LE CHOC! Le plus chou, gentil, compréhensif, patient, respectueux gynéco du monde de tout mon parcours. C'est aussi le plus jeune, quand je l'ai vu dans la salle d'attente, je me suis dit que j'étais encore tombée sur un incompétent et en fait c'est l'homme le gynéco de ma vie, (enfin, je crois, notre histoire ne fait que commencer). Je résume beaucoup: en gros il me conseille la substitution hormonale, mais on en reparlera la prochaine fois parce qu'entre temps il m'a prescrit quelques examens. Je vous raconterai, en attendant, je vais essayer de lui trouver un petit nom. 

La suite c'est aussi... une autre fivdo. Avec mon mari nous en parlions déjà avant même la sortie de la maternité: on est un peu pressés, c'est vrai, il faut dire que:
  • on a eu beaucoup de chance pour la première fivdo qui a marché vite, mais pourra-t-on en dire autant de la seconde? 
  • on aimerait une grande grande famille et on n'a plus 20 ans 
  • on fait la course avec beau-frère et belle-soeur qui en sont à 5 enfants (je rigole, je sais bien que sur le plan de la fertilité ils sont hors norme, ils se reproduisent en se regardant, apparemment) 
  • faut qu'on fasse le deuxième avant de divorcer (je rigole toujours, même si je ris un peu jaune, j'avoue, c'est parfois un peu tendu, mais je vous raconterai peut-être une autre fois)
  • je me donne dix ans de cette vie-là, après je grade au boulot et je fais fortune dans l'enseignement , je sors un peu de ma classe et j'obtiens un vrai bureau dans mon établissement (ou alors je deviens prof de yoga)
  • j'ai adoré être enceinte et je voudrais l'être encore et encore (comme ma belle-soeur, quoi) 
Nous n'avons plus d'embryons en Espagne. J'ai donc contacté la clinique pour leur demander si par hasard il y aurait moyen de refaire une fiv avec la même donneuse. Après un temps infini ils m'ont répondu et ça semble possible. Je ne sais pas trop pourquoi j'ai demandé. D'une part je trouve mon bébé parfait (il parait que c'est normal) et j'ai l'impression que si j'avais la chance de connaître une nouvelle grossesse, j'aurais moins d'inquiétude que la première fois concernant son apparence et sa santé. Et puis je me dis que si les enfants sont proches génétiquement, cela pourrait, médicalement, présenter des avantages (l'un pourrait être donneur de l'autre - je sais, c'est une obsession). Mon mari ne comprend pas ma démarche et je ne sais pas s'il va vouloir que l'on aille dans ce sens. Quant à moi, comme d'habitude, je retourne le truc dans tous les sens, envisage tous les scénarios et nage dans le doute (qui a dit que j'étais une chieuse?)

J'ai envie de proposer à mon gynéco la mise en place d'un groupe de parole pour les personnes en AMP, je trouve qu'on est très seul sur ce chemin (sauf sur le net, paradoxalement), spécialement en Suisse où ce n'est pas remboursé et où la FIVDO n'est même pas autorisée. Mais bon, j'attends de le connaître mieux (mais je précise que nous avons des amis communs sur FB, c'est pas un signe ça?!). Je ne sais pas si quelqu'un a une expérience de ce genre... si oui je veux bien que vous m'en disiez plus. 

mercredi 11 décembre 2013

Mon fils

Le 21 octobre, mon fils est né. 

J'avais fait le récit de l'accouchement, et puis je me suis emballée. J'ai mis tout plein de détails et bien développé. Et puis finalement je me suis dit que j'étais un peu à côté de la plaque. Alors, version brève: 

A 38 sa on a évalué le poids de mon bébé à 3.9 kg (plus ou moins 10%). Il a été décidé de provoquer l'accouchement parce que vu mon gabarit il semblait peu probable que je puisse accoucher par voie basse, deux semaines plus tard, d'un bébé de quasi 5 kg. En une échographie, mon bébé était passé de "bébé" à "macrosome" (quelle poésie, ces médecins) et il fallait qu'il sorte. La provocation n'a pas marché, il n'est jamais descendu, trop gros (moi trop petite), mal orienté... 37 heures de salle d'accouchement plus tard, on est parti sur une césarienne. 

J'ai un peu pleuré quand on m'a parlé de césarienne: j'étais fatiguée et je craignais pour les prochaines grossesses. Et puis je disais que ce bébé, n'ayant pas pu le concevoir naturellement, j'aurais voulu le mettre au monde naturellement. Maintenant ces réflexions me semblent absurdes, mais sur le moment, avec le manque de sommeil, la douleur, le découragement... je me sentais une fois de plus incapable de faire les choses naturellement et ça me blessait. Maintenant, autant vous dire que je m'en fous royalement! 

Quand ils ont sorti le bébé, ils me l'ont montré quelques secondes par dessus le champ opératoire pour que je voie le sexe. J'ai rien vu. J'ai vu qu'il était "normal" (après toutes ces discussions des médecins qui parlaient de macrosome, je m'attendais presque à un bébé totalement difforme) et qu'il avait des cheveux. Ils l'ont repris de leur côté, ils m'ont ensuite parlé de lui en disant "votre petit garçon", j'ai dit "ah, c'est un garçon" et ils ont rit parce que je ne l'avais pas vu. Ensuite on l'a porté près de mon visage et j'ai pu lui faire des petits bisous. J'ai dit à mon mari "on a réussi". Il m'a dit qu'il m'aimait et puis il est parti avec le bébé ("surtout ne le laisse pas tout seul") et les sages-femmes pour les premiers soins et un peau à peau pendant qu'on me recousait. C'est un peu le désordre dans ma mémoire, je ne sais plus trop quand on me l'a montré, quand je l'ai entendu... des instants très nets mais sans aucune chronologie précise, peut-être que je me trompe en le racontant. 

Ensuite j'étais vraiment dans les choux à cause de l'anesthésie. C'est un peu le côté frustrant: dans les premières heures je n'avais pas la force physique pour le tenir, on le posait dans mes bras mais j'avais très peur qu'il ne glisse et que je ne puisse rien faire. Je m'endormais et me réveillais tout le temps. Je regardais ce bébé, son petit bonnet... jamais mon regard n'a été autant aimanté. 

Et voilà, ça fait un mois et 20 jours que je le couve du regard, que je le caresse, que je me lève pour vérifier qu'il respire encore... et si je pleure ce n'est plus de tristesse, c'est d'une émotion infiniment grande, d'un amour tellement total qu'il me chavire. C'est mon fils. 

lundi 14 octobre 2013

Suivie de près!

A la maternité

Vendredi 11, comme prévu, nous nous rendons à la maternité pour la consultation prénatale. Je croyais qu'on allait faire une écho, me dire le poids du bébé, sa taille, parler de l'accouchement... En fait pas d'écho. Quelle déception! Quant au poids du bébé on m'a juste dit qu'il grandissait bien. Sinon il est toujours bien placé et je vais vraisemblablement accoucher par voie basse.  
Tout allait bien. La sage-femme n'a même pas posé de questions débiles ou blessantes sur la FIVDO, je lui en suis super reconnaissante. Ca c'est un petit peu gâté quand elle a pris ma tension... trop haute. Du coup, on m'a prescrit le passage d'une sage-femme à domicile deux fois par semaine jusqu'à l'accouchement, pour des analyses d'urine, la mesure de la tension, l'écoute des battements de coeur du bébé. La doctoresse m'a rappelé les signes d'une pré-éclampsie et m'a dit de ne pas hésiter à venir à la maternité au moindre signe inquiétant. Ensuite on m'a vaccinée contre la coqueluche et la grippe et on m'a fixé rendez-vous le 30 octobre (nouvelle date du terme selon leurs calculs). 

Avec la sage-femme

Le vendredi soir la sage-femme m'appelle pour convenir du premier rendez-vous. Elle en profite pour m'énumérer les signes de la pré-éclampsie et me dit bien de me rendre immédiatement à la mat au moindre souci. Là, j'avoue, je commence quand même à m'inquiéter un peu. 

J'ai donc passé le week-end à l'affût des moindres signes et des moindres mouvements du bébé. Samedi il/elle a d'ailleurs très peu bougé, comme pour en rajouter! Heureusement dimanche c'était un vrai cours de zumba dans mon dedans et j'ai été bien rassurée pour la nuit. 

Aujourd'hui la sage-femme est donc venue pour notre premier rendez-vous. Son bilan: des traces d'albumine dans les urines, une tension normale (OUF!) deux fois sur trois, un tour de taille de 106 cm (au secours!), une auteur utérine de 36 cm, des battements de coeur de bébé de 136, et une bonne mobilité de bb. Quand elle a eu tous ces chiffres, elle m'a rappelé les signes de la pré-éclampsie, et ma dit, encore, de me rendre à la maternité au moindre de ces signes ou si le bébé venait à bouger moins. Elle se voulait rassurante, mais quand même, à force de me reparler de pré-éclampsie, ils vont vraiment m'inquiéter. 

Encore la maternité 

Pendant la visite de la sage-femme, la maternité m'appelle. Ce n'est pas une secrétaire mais un médecin qui me dit qu'ils ont avancé le rendez-vous du 30 au 18. Ils feront ce jour-là une écho (ah, quand même!), une prise de sang, une mesure de la tension et d'autres examens. J'ai bien cru qu'elle allait me rappeler les signes de la pré-éclampsie et me dire de... Mais non. Pas cette fois.

Conclusion

Je suis super attentive au moindre mouvement de bébé et c'est un peu perturbant. Je croyais qu'à la 37e semaine passée je pourrais me détendre puisque bébé était tout fini et qu'il pouvait naître sans problème. Mais non! Je vais avoir encore un peu de peine à y croire, douter... j'ai quand même un peu les jetons, je vous avoue, d'être arrivée jusque là et que tout s'effondre. 

Point positif: le papa semble réaliser un peu mieux. Et j'ai même appris qu'il aurait deux semaines de congé paternité + une semaine de vacances après la naissance. Du coup, trois semaines pour faire connaissance tous les trois... le top! Ca me rassure de penser que je ne serai pas seule les premiers temps, mais surtout ça me rassure parce que ça veut dire qu'il y pense quand même, qu'il se projette dans cette nouvelle vie, malgré les signes pas très sympa de ces derniers temps. 

J'espère que bébé continuera à bien se dandiner et venir prochainement avec de bonnes nouvelles... 

mercredi 9 octobre 2013

Le dernier mois

C'est mon neuvième mois... à la fin de cette semaine, si le bébé naît, il ne sera même pas considéré prématuré. C'est tout proche... alors, un petit point? 

Je suis énorme. En fait, j'ai pris 9 kilos ce qui n'est pas tant que ça, mais comme j'en avais pris 7 entre l'annonce de ma stérilité et la grossesse, ça fait quand même pas mal pour mes articulations. J'ai pris tout sur le ventre, donc maintenant même en Suisse on me laisse parfois une place assise dans le bus (en Italie, à 5 mois de grossesse, tous les passagers se lèvent... le retour fut dur!) et mon mari me demande comment je fais pour ne pas basculer en avant. 


Le bébé va peut-être être  énorme lui aussi, aux dernières nouvelles il pesait 2kg850, càd le poids minimum qui avait été évalué pour sa naissance. On va certainement dépasser les 3kg mais je ne sais évidemment pas de combien. 
Il bouge encore beaucoup. On m'avait dit qu'à la fin il se sentirait il peut à l'étroit, mais apparemment ça ne le gène pas du tout: s'il manque de place, il pousse joyeusement tout ce qui se trouve sur son chemin pour se mettre tranquillement à l'aise. Je veux pas vous saouler, mais je kiffe à mort. Pour moi, il pourrait bouger toute la journée, j'adore. C'est un petit peu fatigant mais c'est un message de vie tellement évident et rassurant... c'est ma drogue. 
Par contre je ne lui parle pas beaucoup. Ca ne me vient pas, je reste donc dans la case "mère indigne" pour certaines personnes bien intentionnées qui me posent la question, mais je m'en fous, je lui fais des petits câlins et je lui raconterai plein de trucs quand on se verra (j'ai 5 mois de congé maternité en tête à tête, ça en fait des moments pour la discussion). 


Mon mari n'est pas super cool. On aurait pu croire que, spécialement avec notre parcours, il serait aux anges et aux petits soins. En fait il profite allègrement de ses dernières semaines de non-paternité et se noie à la fois dans le travail et sa vie sociale. Il y a un évident décalage entre lui qui n'est pas encore père et moi qui suis finalement déjà maman. En temps normal quand il sort de son côté, j'en profite pour sortir du mien, mais "dans mon état" (selon l'expression consacrée) c'est un peu délicat. Je suis quand même un petit peu fatiguée et puis sortir sans boire d'alcool, sans manger de sel, sans trop marcher, sans conduire (mon ventre touche le volant, j'ose plus)... est tout de suite moins tentant. Donc je me sens un petit peu toute seule, alors qu'en temps normal je suis plutôt indépendante. J'espère qu'après la naissance il sera plus présent, et moi moins émotive.

La FIVDO n'est pas au centre de mes pensées mais occupe sa petite place. Je pense que la grossesse est un petit peu différente quand même: 

  • je suis juste ultra reconnaissante et ne me plains pas des quelques désagréments de la grossesse (j'en ai pas eu beaucoup, mais quand même, je crois que notre parcours explique un peu ma béatitude) 
  • je suis très intéressée par la tête du bébé, alors que je me fiche de savoir si c'est un garçon ou une fille, j'ai envie de voir sa tête, d'être rassurée complètement: de le/la regarder, de le/la reconnaître comme mien/ne et même de le/la trouver beau. Je pense aussi bien sûr que je serai plus focalisée sur les commentaires des proches que les autres mamans (-c'est tout son père, - tu crois pas si bien dire; -il a ton nez, - ouais, enfin, comment te dire...). 
  • j'espère vraiment allaiter. Si ça ne marchait pas, je risquerais de le prendre mal, comme un refus, comme un signe de non-reconnaissance de la part du petit...
  • je sais qu'il arrive que parfois le lien entre la maman et le bébé ne se fasse pas ou pas immédiatement. L'une de mes amies proches m'a raconté combien au tout début elle trouvait sa fille moche, combien elle se sentait incompétente comme maman et combien son mari lui semblait bien plus à l'aise et à sa place qu'elle. Si ces sentiments m'assaillent, ils prendront une couleur particulière du fait de la FIVDO et j'espère parvenir à faire la part des choses. 
  • je n'appréhende pas trop l'accouchement, je sais que ce sera dur et tout et tout, mais il y a une partie de moi qui persiste à croire que le pire est déjà passé. Pour moi, le pire, c'est ces moments où je me revois dans le couloir chez le médecin qui m'a annoncé ma ménopause: je m'entends appeler mon mari et lui dire que c'est fini et qu'il faut changer de femme. Je me vois contempler la fenêtre et me demander si c'est assez haut pour que je meure si je saute. Et puis je n'ai pas fait de plan de comment ça doit se passer exactement. J'ai des amies qui ont des attentes bien précises (péridurale ou pas, lumière tamisée ou pas, couchée sur le côté ou pas...) mais je veux seulement voir venir, et prendre les décisions les meilleures pour le petit, pour sa santé et son bien-être. Je vais simplifier: s'il est bien vivant à l'arrivée, si je suis suffisamment en forme pour le tenir dans mes bras et si le papa pleure d'émotion, c'est que l'accouchement aura été celui dont je rêve. 
Dans deux jours nous avons rendez-vous pour la consultation prénatale à la maternité. On transmet le dossier préparé par le gynéco (l'enveloppe est en ma possession, mais fermée, j'ai trop envie de l'ouvrir pour savoir ce qu'il dit de nous!), on fait une écho, on précise la position du bébé (donc décision quasi définitive question césarienne)... et d'autres choses que j'ignore. Je vous raconterai. 

dimanche 1 septembre 2013

Upside down

Encore un rendez-vous gynéco. Quoi de neuf? 
  • bébé s'est retourné et donc la césarienne n'est plus à l'ordre du jour
  • il/elle pèse 1k848, ce qui veut dire que normalement il/elle devrait peser le double à la naissance (c'est énorme 3kg696 non? merci les gènes du papa, moi j'y suis pour rien, promis), et même si la croissance ralentit, il/elle devrait atteindre au moins 2kg848 à terme. Comme les derniers bébés nés dans mon entourage pesaient entre 2kg et 2kg600 j'ai un peu l'impression d'attendre un titan (après tout c'est un bébé aux hormones). 
  • je dois de mon côté arrêter ou du moins diminuer le sel, boire plus et retourner chez le gynéco dans 15 jours, à jeun

J'ai encore vu le bébé à l'échographie et à chaque fois je me plante: je m'attendris sur un adorable petit pied... ben non, c'est le cordon. Son petit bras... ben non c'est un fémur... En gros trois possibilités: 
  1. ce bébé est vraiment formé bizarrement 
  2. mon gynéco a une machine de merde historique qu'il a amenée tout spécialement dans ses bagages à son arrivée de Sarajevo il y a 40 ans
  3. je suis une mère indigne, déjà, qui s'obstinera certainement à enfiler le chausson gauche sur le pied droit de son enfant, quitte à plier quelques doigts de pied au passage
En tous les cas c'était trop chou cette écho, mais le mieux, la crème, ce qui me fait monter les larmes aux yeux... c'est le bruit de son coeur qui bat. Ca, ça vaut toutes les emmerdes du monde avant, toutes les piqûres et toutes les nuits blanches. C'est le bruit que fait le bonheur, quand il arrive. 


En parlant de mère indigne, je dois tout de même vous dire que ça commence tôt. Je croyais que j'étais immunisée après la FIV contre les remarques débiles... ben que dalle! 

D'abord, quand je lui annonce ma grossesse (ça date un peu comme discussion) alors qu'il sait que j'ai été suivie en PMA, mon directeur me fait un petit laïus très spécial: 
"Vous savez, les enfants non-désirés... c'est une difficulté pour eux, ce n'est pas l'idéal. Mais les enfants trop désirés... c'est pas bien non plus. Il faut en être consciente". Merci monsieur. C'est une remarque d'une pertinence folle. J'ai trop désiré mon bébé alors... ben qu'est-ce qu'on va faire maintenant que grâce à lui on le sait? L'ignorer quelques jours à la naissance? Histoire de lui faire comprendre qu'il nous a bien gonflés et que finalement il est peut-être plus aussi désiré que ça? Non mais je rêve. A mon humble avis, partir dans la vie avec comme handicap majeur celui d'avoir été trop désiré par ses parents... y'a pire. Je demanderai à mon père, enfant non désiré (mais alors pas du tout), ce qu'il en pense exactement. 

Ensuite, quand j'ai avoué à une collègue que je ne parlais pas à mon bébé (elle me disait de lui expliquer qu'il fallait se retourner, quand il était en siège)... elle a posé sur moi un regard de mépris et de dégoût tellement total... Si j'avais pu m'enterrer sous mon bureau je l'aurais fait. Ce bébé n'était pas né et déjà, je faisais tout faux. Aïe! Nous voilà mal barrés. Bon, finalement je lui ai dit de tourner, dans ses deux langues. Mais je crois que ce qui lui a fait peur, c'est que j'ai dit que s'il ne tournait pas... la langue de secours, celle qui le ferait obéir, ce serait le suisse-allemand. Là, apparemment, il a flippé, d'où un retournement de situation bienvenu. 

Voilà voilà. Il me reste moins de deux mois pour devenir une bonne maman: le genre qui fait des confitures, qui désire son bébé juste ce qu'il faut (faudra qu'on m'explique la bonne mesure) et qui lui parle. Ca doit pouvoir se faire... 

jeudi 15 août 2013

29 sa

Des semaines sans rien écrire. Il s'en passe des choses pourtant, mais je me demande toujours un peu si elles ont leur place sur le blog maintenant que le thème est différent. Je ne me vois pas tellement tenir un blog de maman, je préfère à tort ou à raison sélectionner les infos qui ont un lien avec le don ou au moins avec la fiv. 

En tous les cas oui, il s'en passe des choses et quand même, après des semaines de vacances je vais faire un petit point, histoire de vous tenir au courant et de réfléchir aussi à cette nouvelle situation. 


Le bébé 

Alors... je commence par le plus important: le bébé va bien. Nous ne voulons pas connaître le sexe et pour l'instant aucun médecin n'a encore gaffé. On croise les doigts pour que ça continue. A la question fréquente: "tu préfères un garçon ou une fille"... franchement après être passée par la case stérilité... c'est avec une totale sincérité que je peux répondre que cela m'est égal. La question elle-même me paraît plutôt grossière. Note pour plus tard: lister les interrogations débiles des gens sur: la stérilité, la ménopause précoce, la PMA, la maternité... généralement ce sont les mêmes personnes qui les posent et elles vous suivent tout au long du parcours de leurs interrogations naïves (quand elles ne sont pas blessantes). Donc à part la question du genre, restent les questions essentielles: il a d'après les échographies tout ce qu'il faut où il faut et il bouge très souvent (depuis la 18ème semaine) ce qui me rassure et me sauve de la plupart de mes angoisses. S'il pouvait d'ailleurs bouger encore un petit peu ce serait bien parce que là il est en siège. C'est pas un gros souci, c'est juste que je préfèrerais éviter la césarienne, mais bon, c'est comme avec le genre, l'important c'est qu'il/elle naisse, en bonne santé, je ne vais pas faire une fixation sur le genre d'accouchement que je souhaiterais, je suis déjà bien consciente d'avoir la chance immense d'envisager concrètement un accouchement dans les mois à venir. 


La grossesse 

J'avais un petit peu fait le deuil de la grossesse quand même, j'en rêvais mais je l'avais un petit peu désinvestie quand même je pense, avant que ça ne marche, pour me protéger, pour aller de l'avant. Ce que je voulais, c'était avant tout élever un enfant, fonder une famille... la grossesse n'était pas le point névralgique. Finalement je suis presque surprise d'aimer autant être enceinte et que cela se passe aussi bien: je n'ai pas vomi, j'ai bien dormi pendant 6 mois (oui, bon, c'est bel et bien fini là, et pour quelques années), pas de diabète à l'horizon, j'ai modérément grossi, j'ai pas d'envies obsessionnelles, je me trouve canon, j'ai une libido d'enfer... J'arrive quand même à parler d'autre chose que du bébé mais franchement: je ne pense qu'à ce petit être lové là au-dedans de moi et qui me rend vivante. 


La FIVDO 

Pour mon mari, mes proches, mes parents, la FIV est derrière. Ils ressentent sincèrement, je pense, cette grossesse comme tout à fait normale. Pour moi, je dois dire que les choses demeurent un tout petit peu plus compliquées quand même. Mon bonheur est immense, que l'on s'entende bien, et je ne reviendrais en aucun cas en arrière, mais je trouve pertinent ici d'être sincère sur les interrogations et les séquelles (le mot est peut-être un peu fort) qui subsistent. 

Concernant la FIV, je reste il me semble quand même un peu amère: quand j'apprends que telle ou telle amie/collègue/cousine est tombée enceinte en one shot ou à peine plus, je rapport à nous et à toutes celles qui galèrent et je n'arrive pas à faire sans une pensée amère/cynique/méchante. Je trouve toujours ça dégueulasse que certaines puissent faire des bébés au lit et que d'autres doivent aller à l'étranger, vider leur compte en banque, essuyer les réflexions débiles des gens/médecins, se creuser la tête sur des questions étiques, s'enfiler des gélules dans le vagin et des aiguilles dans le ventre et ailleurs. C'est une amertume dont j'aimerais bien, un jour, me débarrasser mais sincèrement je crois que c'est pas pour tout de suite. Peut-être à la naissance? 

Concernant la FIVDO, je sais bien que ç'a été la chance de ma vie. Mais évidemment j'aurais voulu faire à moins. Pas tant personnellement parce que finalement, ça ne change rien pour moi, j'aime cet enfant et je vais le prendre comme mien, j'en suis sûre, mais je reste préoccupée de ce que lui/elle, pensera de notre choix et de son identité tronquée. J'ai une inquiétude tout de même concernant ses questions à l'adolescence par exemple... j'aurais voulu une filiation habituelle pour ne pas vivre avec ces doutes. Je crains un petit peu le traditionnel jeu des ressemblances auquel vont se livrer tous ceux qui viendront voir notre bébé à la maternité... je ne sais pas ce que me feront les phrases: "c'est tout son père" ou même "oh, il a tes yeux"... alors que mon mari lui s'en fiche royalement et attend même cette étape avec impatience puisque selon lui elle me montrera que cette question de la ressemblance est totalement non pertinente. Il est convaincu que certains trouveront que le bébé me ressemble, et il n'a certainement pas tort. 

Je sens parfois un décalage entre le vécu de mon mari et le mien: si nous avons vécu la PMA ensemble, nous vivons maintenant les choses très différemment. Pour lui il n'en est plus jamais question (sauf quand il évoque nos futurs enfants, et donc nos futurs voyages en Espagne) alors que pour moi la question reste essentielle. Il me reste une blessure, des craintes dues à mon caryotype, à la ménopause précoce... 

A côté de ces interrogations, il y a tout ce que la FIVDO a de beau et qui me porte: ce résultat hyper rapide, cette grossesse qui se passe magnifiquement bien, la gratitude immense que j'éprouve pour l'équipe médicale en Espagne et pour la donneuse, cette femme qui vit quelque part, qui respire en même temps que moi, qui pense parfois à son don, qui a changé le cours de ma vie et que je ne rencontrerai jamais... j'imagine une espèce de connexion entre nous qui nous dépasse et que nous n'établirons jamais réellement mais qui est tellement essentielle à mon bonheur actuel... Parfois je pense à elle et à cette chance immense que j'ai eu que cette personne existe, ça me bouleverse. Ca m'émeut de penser à tous les gens qui ont rendu cet enfant possible. Je me dis aussi qu'il y a quelques années, je n'aurais jamais pu connaître ce que je vis maintenant et je me sens incroyablement chanceuse. Je pense au blog, à ce qu'il m'a apporté... à ces échanges qui nous permettent d'accéder à un peu de compréhension et à une solidarité que je ne soupçonnais pas. 

Bilan FIVDO à la 29e semaine: oui, je me pose des questions, j'ai été changée par la l'annonce de ma ménopause et par la PMA, je suis parfois une vraie salope qui ne peut pas se réjouir immédiatement de toutes les annonces de grossesse ("non, en C1 c'est juste pas correct")... Mais je suis aussi et surtout enceinte, contente, épanouie, en vie... J'espère que toutes celles qui hésitent pourront faire un choix qui leur conviendra, et j'espère que toutes celles qui ont pris leur décision s'approchent un jour après l'autre de leur rêve. C'est promis, je reviens avant la naissance: au prochain épisode vous devriez au moins savoir si bébé s'est retourné. 

mardi 23 avril 2013

Comment j'ai fini par y croire

Les filles, je suis devenue une vraie pregnant bitch: un mois sans message... genre comme si j'avais totalement oublié l'existence du blog et celle des copines. En fait pas du tout, je suis venue tous les jours, j'ai suivi vos posts positifs et ceux plus tristes, les bonnes nouvelles, les mauvaises, l'attente, l'espoir, les médics, les protocoles, les docteurs, les pauses, les échos... même enceinte tout cela reste bien sûr au centre de mes pensées. On ne passe pas directement de l'autre côté de la barrière qui nous sépare des fertiles. 

Pendant un mois je n'ai pas écrit et vous savez pourquoi? Je ne savais pas quoi dire. D'un côté les médecins m'avaient dit que j'étais enceinte, j'avais des seins d'actrice porno et rien d'inquiétant ne venait mettre ma grossesse en doute. D'un autre côté, j'allais trop bien: pas de fatigue excessive, plus mal au ventre, pas de nausées, pas d'envies folles niveau bouffe, pas de dégoûts, pas de maux de tête, pas de prise de poids... j'avais mal aux seins et le ventre un peu tendu mais je me disais que ça pouvait bien être l'utrogestan. Bref, je me disais que la grossesse avait arrêté d'évoluer. J'y croyais vraiment. J'avais presque fait une croix sur cette tentative-là et je me disais, en allant à l'écho du 1er trimestre, qu'il fallait que je sois forte, que ça marcherait une autre fois et qu'il faudrait surtout que je console mon chéri parce que lui, au contraire, semblait y croire avec une sincérité qui me désarmait. 

Alors on est allé à l'écho. Le médecin m'a fait m'installer et m'a demandé comme j'allais. Je lui ai dit "très bien, peut-être trop, c'en est presque inquiétant". Il m'a dit que certaines ne sentaient rien et il a très vite commencé son observation. Devant nous il y avait un grand écran, un peu comme en Espagne, et on pouvait voir sans se tordre le cou. En quelques secondes, on l'a vu. Quelques secondes plus tard, on l'a entendu. Son coeur. Et en quelques secondes j'ai réalisé que j'étais enceinte, pour de vrai. Que les minutes qui suivraient ne seraient finalement pas consacrées à l'organisation de mon curetage. J'ai fait le grand écart entre mes angoisses d'infertile et mes rêves de bébé, projetés en grand en face de moi. J'ai eu la preuve. C'est devenu réel et j'étais complètement sonnée. 

Le médecin a trouvé tout parfait. Comme on est en PMA, quand même, il a fallu qu'il fasse la gaffe rituelle: alors qu'on lui a dit que c'était un don d'ovocytes il me demande "la stimulation et la ponction se sont bien passées?" je lui dis que je n'ai pas été ponctionnée... Mais bon, je lui pardonne, c'est le mec qui m'a fait écouter le coeur de mon bébé quand même. Après l'écho il m'a dit: "vous voyez, c'est possible d'être enceinte sans nausées, mais quand les autres vous demandent, surtout ne leur dites pas, dites que vous avez au moins un peu de peine le matin et on vous fichera la paix!" C'est fou comme les médecins semblent plus sympas et plus bavards quand tout va bien. 

Ensuite je suis allée faire une prise de sang et puis on est parti faire des courses. Alors j'ai pu acheter mes premiers vêtements de grossesse: deux petites robes et deux collants. Les autres commençaient à me serrer un peu à la taille, et puis le lendemain: j'ai un ventre de femme enceinte qui est sorti, totalement décomplexé. Maintenant je le cache encore, parce que j'attends les résultats de la prise de sang pour faire mon coming out, mais je suis de moins en moins crédible... hier une collègue me demandait avec un énorme sourire si j'avais mal au ventre... 

A quatre jours de l'échographie, il est facile de faire la maligne. Il faut maintenant attendre jusqu'à mi-juin pour la prochaine écho, pour avoir une nouvelle preuve et peut-être que je vais me remettre à douter... on verra. Pour l'instant, j'attends avec impatience le moment de l'annoncer. Ce sera encore plus réel. 

Je pense fort à vous toutes qui vous battez tous les jours pour vivre ces moments-là et je vous les souhaite de tout coeur. J'espère que je ne suis pas juste une nouvelle salope enceinte qui pourrit votre journée mais plutôt la preuve que ça marche et que ça vaut la peine de s'accrocher. Je vous souhaite de monter dans le train et qu'il vous amène à destination. Des bises et du courage à toutes. 

dimanche 17 mars 2013

Trois consultations gynéco plus tard...

Gynéco 1: 

Suite à mon deuxième taux, j'ai vu mon gynéco pour débuter le suivi de grossesse. Il m'a demandé de venir à jeun pour me faire une prise de sang, voir s'il y avait des carences, si j'étais en bonne santé... Donc rien de spécial à dire. Il m'a félicitée et a fixé une première écho le 19 mars pour voir combien d'embryons avaient pris et où ils étaient nichés. 

Gynéco 2: 

Du vendredi au mardi, j'ai commencé à sentir des douleurs dans le bas ventre, qui allaient et venaient. Alors je me suis mise à bien me reposer et j'ai évité de porter des choses. Je me suis même acheté un chariot de mémé au supermarché pour faire rouler mes courses jusqu'à ma voiture plutôt que de les porter. J'ai lu dans le livre de tous mes fantasmes (celui que j'ai enfin pu m'acheter sans me dire que j'étais une psychopathe de la maternité: J'attends un enfant) qu'il était fréquent de ressentir ce genre de douleurs dues au fait que l'utérus doit s'agrandir, et aussi parfois à la constipation liée à la grossesse. Donc je me suis d'abord seulement modérément inquiétée. 

Mais le mercredi la douleur est devenue plus franche et surtout elle était localisée à gauche. A partir de ce moment-là, je ne me suis plus demandé quelle taille mesurait mon utérus, ni à quand remontait mon dernier passage aux toilettes. Non, à partir de ce moment-là, je me suis demandée si je faisais une fausse couche ou une grossesse extra-utérine. Qui a dit que j'étais une parano-hystéro-hypocondriaque? 

J'ai donc appelé mon gynéco et il m'a dit de: 
  • me reposer 
  • prendre des anti-douleurs
  • le rappeler deux jours plus tard
  • descendre à la maternité si je perdais du sang 

Je suis donc rentrée à la maison, je me suis couchée, et j'ai psychoté sur mon canapé jusqu'au moment où mon mari est rentré à la maison (j'avoue, il est rentré deux heures plus tôt parce que je l'ai harcelé par texto toute la journée). 

Quand mon mari est arrivé, je lui ai dit donc que la douleur ne baissait pas, et qu'elle était toujours plus nettement localisée à gauche. J'ai appelé les urgences et ils m'ont dit que je devais passer contrôler. On est donc parti. 

A la maternité j'ai finalement assez peu attendu. On m'a posé pas mal de questions... il faut dire que quand je leur ai dit que j'avais fait une FIV à l'étranger ils ont été assez intrigués. Et quand j'ai dû expliquer à la dame que j'avais été en Espagne parce que j'avais dû avoir recours à un don d'ovocytes j'ai eu droit à un moment d'anthologie: 

- Ah, vous êtes allée en Espagne parce que vous n'avez pas d'ovaires! 
- Non, parce que je suis en insuffisance ovarienne précoce... (comme elle ne comprend pas bien, je précise)... parce que je n'ai pas d'ovocytes. 
- Mais vous n'avez pas d'ovocytes parce qu'on vous a enlevé les ovaires. 
- Non, j'ai des ovaires mais ils ne produisent pas d'ovocytes, ou pas assez, ou pas d'assez bonne qualité pour une FIV avec mes propres ovules. Je suis ménopausée quoi. 
- Depuis combien de temps? 
- On ne le sais pas parce que je prenais la pilule alors j'avais mes règles normalement. 
- Ah... je comprends... excusez-moi mais je pose des questions parce que.... ce n'est pas banal. 
- Je sais, à moi aussi ça m'a fait bizarre, au début. (et maintenant la ménopausée pas banale te dit de fermer ta gueule et de l'ausculter parce qu'elle aimerait bien savoir pourquoi elle a mal au bide, ce même bide qui renferme un, deux, trois ou plus aucun bébé). 

Bref, quand la gentille dame a tout compris. Elle m'a demandé de me déshabiller pour une écho. Elle a cherché un long moment. Et après elle m'a posé la question qui tue: 

- Mais, d'habitude, vos ovaires, on les voit à l'échographie? 
- Ben... oui (et là je panique en me disant que mes ovaires ont disparu en chemin... les aurais-je oublié en Espagne? se sont-ils atrophiés comme de pitoyables petits raisins secs?) 
- Ah mais oui, j'en vois un! 
- (c'est déjà ça). 

Elle a tourné son machin dans tous les sens. En parlant à voix basse à l'étudiante qui assistait à tout ça... Elle me faisait un peu mal. Et puis elle m'a demandé si je voulais voir.

- Euh... oui... enfin, s'il y a quelque chose d'intéressant à voir. 
- Ben oui, regardez... là c'est l'embryon... et là c'est son coeur qui bat

Les larmes me sont montées aux yeux. Je me répétais... "surtout, ne t'emballe pas..." J'ai demandé à mon mari s'il voyait, oui, il voyait. Lui aussi j'ai senti qu'il avait les larmes aux yeux et une boule dans la gorge. Et qu'il se répétait quelque chose dans le genre "surtout, ne t'emballe pas". 

Conclusion: elle a vu l'embryon, son coeur... et aussi deux petites taches à côté qui pourraient être les traces des deux autres embryons qui auraient commencé à s'accrocher puis n'auraient pas tenu. Elle ne savait pas trop et voulait montrer les images à son chef. On a attendu le chef un bon moment (moi en blouse d'hôpital et pieds nus, à me geler) mais il n'a pas pu venir, il était en train de pratiquer une césarienne. Donc elle a vérifié mes analyses (a bien kiffé le BHCG à 58000) m'a donné une ordonnance pour des anti-douleurs plus forts et un arrêt de travail de six jours, et m'a recommandé une nouvelle écho deux jours plus tard. 

Gynéco 1bis:

Deux jours plus tard donc je suis allée faire la nouvelle écho. Le gynéco m'a fait le grand jeu: sur le ventre et endo-vaginale. Lui aussi, il a vu le "bout de chou" (je cite). Par contre il a quant à lui parfaitement écarté la grossesse extra-utérine (ouf). Mais il a aussi vu une tache à côté de la poche (pas deux, comme à la mat)... il ne s'est pas étendu sur la question des deux autres embryons. Il m'a dit en souriant que je pouvais aussi les faire l'un après l'autre, puis il a imprimé une photo du "bout de chou" qui mesure 10,1 mm. Mais il m'a quand même inquiétée parce qu'il: 
  • répétait sans cesse que "le meilleur médicament c'est le repos" (pourquoi un médicament? je suis malade? y'a un problème?) 
  • a confirmé l'arrêt de travail de six jours mais a aussi dit que si mercredi je ne me sentais pas encore prête je pouvais attendre avant de reprendre et qu'il me prolongerait l'arrêt
  • a fixé une nouvelle écho une semaine plus tard (pourquoi si tôt? y'a un problème sérieux?) 
  • m'a demandé 4 fois s'il n'y avait pas eu de saignements... (pourquoi? l'écho montrerait une raison de saigner?) 
  • m'a redit qu'en cas de saignements il fallait tout de suite descendre à la mat sans même prendre le temps de l'appeler avant. 
Je lui ai demandé si c'était fréquent qu'on ait mal au ventre en début de grossesse, il m'a dit que oui, mais qu'il fallait juste me reposer, "lire les mémoires de Napoléon en mille pages et attendre"... Il n'a pas du tout cherché à minimiser genre "c'est normal, les ligaments tirent..." ou "vous somatisez un petit peu"... alors je me demande s'il est juste à l'écoute et très gentil (il faut dire que je le connais bien, c'est un ami de la famille) ou s'il est sérieusement inquiet pour une grossesse qui s'annonce mal... (c'est quoi cette tache à côté de l'embryon?). 

Bref, aux inquiétudes de la FIV succèdent celles de la grossesse. J'ai peur que l'embryon ne tienne pas... sur les trois il n'y en a déjà plus qu'un alors... et il me faut maintenant attendre quatre jours pour la prochaine écho... Il y a un moment où tout cela va s'arrêter? où je vais pouvoir profiter? où je vais oser m'imaginer vraiment enceinte et vraiment maman? Apparemment c'est pas pour tout de suite...  

lundi 4 mars 2013

Je suis ménopausée mais je suis enceinte, il paraît

Bon, alors comme je sais que les fiveuses sont accro aux chiffres et sont de vraies spécialistes es BHCG, je vais commencer par là: 1886 (deux jours après la première prise de sang). En gros, j'espérais que le taux double, il a même un peu dépassé mes attentes. 

Ca, c'était trop bien! J'ai adoré recevoir le message du labo. J'ai adoré entendre le message laissé sur mon portable par l'assistante de mon médecin alors même qu'elle avait demandé à ce que je reçoive le résultat par texto puisqu'elle ne bossait pas à ce moment-là. J'ai adoré réaliser qu'elle aussi en avait eu marre de m'annoncer des résultats de merde à longueur de temps. J'ai adoré envoyer le taux à mon mari. 

Alors, oui, j'ai eu deux tests positifs et la clinique ne m'a pas demandé de faire une troisième prise de sang, j'imagine qu'ils me considèrent enceinte

De mon côté, j'ai mal aux seins (un truc de malade), la viande me dégoûte horriblement (depuis je dirais 10 jours après le transfert), j'ai soif (je bois des litres et ne fais pas deux pas sans ma gourde, du coup je passe ma vie aux toilettes) et le plus incroyable: les gens puent! Et même quand ils sentent "bon", ils puent le parfum. C'est ahurissant: prendre le bus me provoque des hauts le coeur qui, suivant qui s'assied à côté de moi, me pousseraient parfois presque à descendre. Mais bon, j'ai quand même des horaires à respecter et je ne suis pas certaine que les passagers du bus suivant sentiraient meilleur! 

Il y a quelques proches qui sont au courant. Ils me considèrent enceinte. Mais moi, pour vous dire la vérité, je me sens en équilibre sur un fil. J'ai fait un test, oui, et j'en ai fait un deuxième. Ils étaient positifs mais je ne me dis pas que je suis enceinte. Je me dis que j'ai fait deux tests positifs. C'est bien. C'est miraculeux. Ca me donne la chair de poule. 

Mais je ne peux pas traduire ça par "je suis enceinte". Je suis une fille qui a fait un test positif, mais je ne suis pas vraiment enceinte, mais non, pas moi, moi je suis stérile, je suis ménopausée... Quand je dis à mon mari que je ne mange pas de ci ou de ça, parce qu'on doit éviter "quand on est enceinte", j'ai l'impression de jouer à la dînette, je me revois gamine, mon doudou sous la chemise de nuit, me pavanant dans la cuisine de ma grand-mère, lui disant que j'attends un petit bébé. J'ai l'impression de jouer à la fille enceinte, j'aime bien le rôle, je l'endosserais volontiers dans la vraie vie. Mais pour quelques semaines (mois) encore c'est du domaine du rêve. 

En parlant avec une amie qui a eu un enfant, j'ai réalisé que ce sentiment n'était pas totalement un truc de fiveuse. Tout le monde se méfie au début, toutes les filles prennent des gants, restent circonspectes pour s'épargner une chute trop destructrice, si jamais. Mais je crois quand même que la force de ce sentiment, ce doute, cette façon de poser les pieds dans la maternité à la manière du chat, à pas tout légers... c'est un truc de fiveuse. Et même si ça marche, même si un jour je suis enceinte, pour de vrai, avec le ventre et tout et tout, ça va me rester, je crois. 

Malgré tout ça, je peux quand même dire qu'il y a une partie de moi qui s'est calmée. Dire que je suis apaisée serait excessif, totalement, mais je suis un tout petit peu moins dans la course, j'attends, je laisse venir. Je vois ce moment comme une pause dans notre parcours. Et si la pause pouvait durer... Aïe, j'ose pas! C'est juste hallucinant de ne pas avoir le portable toujours en main dans l'attente d'un appel de la clinique, de n'avoir qu'à attendre. Un truc de fou après une année et demie d'hystérie. J'attends le rendez-vous chez le gynéco avec une impatience mêlée d'angoisse. Il reste des tas de questions, j'ai peur que tout s'arrête demain. Et de l'autre côté de la balance une autre question, tellement plus positive: combien sont-ils? 

Bref... des sentiments contradictoires et un post qui part un peu dans tous les sens. Une fille groggy qui ne sait pas trop quoi penser, abasourdie par ses problèmes de riche... 

mardi 26 février 2013

688 raisons d'espérer

Je me suis levée relativement tôt pour aller faire ma prise de sang. J'avais, c'est étonnant, super bien dormi et n'ai pas traîné, après avoir avalé mon acide folique j'ai sauté dans la voiture et suis allée au labo. Je n'avais pas de monnaie pour le parcmètre et ai misé sur la chance... 

Je me suis annoncée et très vite après un infirmier est venu me chercher. Je me suis installée, il a vu que mon médecin avait demandé les résultats en urgence. Il m'a demandé, en précisant qu'il ne voulait pas être indiscret, si c'était désiré. J'ai dit que c'était plus que désiré, que c'était une FIV et que ça avait été plutôt compliqué, je n'ai pas dit que c'était un DO parce que ça ne se fait pas chez nous. Je ne voulais pas qu'il me regarde comme une bête curieuse.

Mais il était très gentil, il m'a dit: "Oh j'espère vraiment que ce sera positif, vous savez, j'ai une certaine expérience parce que ma soeur a aussi fait plusieurs FIV, mais maintenant, rassurez-vous, elle a un petit garçon". Il m'a parlé de l'attente, de la souffrance de sa soeur... ces choses qui font notre quotidien. J'ai décidé de prendre ça comme un bon présage. 

Il m'a proposé de prendre un café ou un chocolat au distributeur. J'ai pris un chocolat parce qu'il n'y avait pas de déca et je me disais... 

De retour à la voiture, j'avais une prune, mais je m'en fichais royalement. Je suis remontée dans ma voiture, ai allumé la radio et il y avait une émission sur les nausées liées à la grossesse. J'ai décidé de prendre ça comme un bon présage.

Ensuite j'ai fait ce que j'avais à faire, la tête ailleurs bien sûr, mais j'ai donné le change. 

En début d'après-midi je suis allée acheter une carte pour une collègue qui a accouché. J'ai été chargée du cadeau collectif... J'ai décidé de prendre ça comme un bon présage.

A 16h30 je n'avais pas de nouvelles. J'ai commencé à me dire que ça, c'était pas forcément un bon présage. Peut-être n'aurais-je pas le résultat dans la journée, peut-être le résultat était-il incertain et ils devaient recommencer l'analyse ou je ne sais quoi... J'ai appelé mon médecin. L'assistante m'a dit qu'elle allait voir avec le labo. Elle m'a rappelée un quart d'heure après et elle m'a dit que c'était positif.

J'imagine que les autres filles se contentent de ce mot-là. Mais les fiveuses demandent: "combien?" Et elle m'a donné le taux: 688! Qu'est-ce que vous en pensez?

J'ai appelé mon chéri, je crois qu'il allait pleurer. J'ai dit: "c'est positif", il a dit: "combien"? Il m'a avoué qu'il était sûr que ça n'avait pas marché. Je lui ai avoué que j'étais sûre que ça avait marché. Il ne me l'avait pas dit pour ne pas me démoraliser, je ne le lui avais pas dit pour ne pas lui donner de faux espoirs.

Après j'ai annoncé ça à ma mère qui était là cet après-midi pour attendre avec moi (j'avais congé et c'est dur d'attendre sans avoir rien à faire). Elle a appelé mon père et moi j'ai appelé la clinique. J'attends la suite des instructions. 

J'essaie de trouver un équilibre entre la joie (putain, ça a marché, quand même!) et l'inquiétude qui ne me lâchera pas avant... le prochain test déjà jamais. Difficile de sauter de joie après tous ces doutes, c'est pas une explosion, plutôt un coup de massue ou une impression de léviter... je suis dans le coton...

Merci les filles pour vos messages, pour avoir pris de mes nouvelles et m'avoir rassurée. J'espère que tout bientôt d'autres tests positifs s'annonceront dans la blogosphère. Je pense fort à vous, à toutes les annonces de tests négatifs, à toutes les annonces de grossesse qui nous mettent le moral dans les chaussettes... aujourd'hui c'est moi la salope pour qui ça a marché, j'ai de la peine à y croire et j'espère que vous pourrez prendre ça comme un bon présage...