Je dois arriver à la clinique une demi-heure avant le transfert, ne pas vider ma vessie deux à trois heures avant, boire trois à quatre verres d'eau de manière à avoir la vessie pleine car le transfert se fait sous contrôle échographique (échographie de l'extérieur donc, avec le gel, la première fois pour moi).
Mon mari est je pense aussi plutôt nerveux et comme d'habitude cela se traduit par une volonté de contrôle assez...
agaçante attendrissante vu les circonstances. Du coup, il tient à me faire boire, boire, boire. J'arrive à la clinique en marchant comme une grand-mère, j'ai peur de ne pas tenir et de me payer la honte de ma vie. Dans la salle d'attente, il y a d'autres couples, qui parlent tous français. Il y a les filles qui ont bu un peu et qui parlent, rigolent, et même qui se servent un petit verre d'eau supplémentaire. Et il y a les filles qui n'osent plus bouger, et restent prostrées jambes croisées en faisant bien attention de ne pas éternuer, tousser... J'étais définitivement donc dans la deuxième catégorie.
Dans la salle d'attente il y a une femme qui semble vouloir discuter. Elle me dit que c'est son deuxième transfert, que je ne dois pas m'inquiéter parce que ça dure deux minutes et ne fait pas mal. Elle me dit que c'est pour elle la deuxième et la dernière fois. J'imagine qu'elle attend que je pose des questions, que je lui raconte un peu mon parcours, mais j'essaie juste de me détendre et de respirer calmement, de ne pas céder un centimètre de terrain à mon anxiété
et de ne pas faire pipi sur ma chaise et ne suis donc pas très causante.
Pendant ce temps-là, mon mari règle les derniers aspects administratifs.
On vient nous chercher et on nous installe dans une petite salle. Je dis à la dame qui nous accueille que je pense avoir trop bu. Elle me dit que je peux vider un peu ma vessie, 5 secondes. Evidemment mon mari s'y oppose fermement, mais je lui dis que puisque la professionnelle a dit oui... et je m'accorde donc ces 5 secondes.
Ensuite grosse panique parce qu'on me demande ma carte d'identité et je ne l'ai pas. Un moment je pense que je ne vais pas pouvoir faire ce transfert parce que je suis une détestable idiote qui a oublié sa carte (j'ai d'autres documents mais soit sans photo soit avec mon nom de jeune fille). La dame me dit de ne pas paniquer, et elle va voir dans mon dossier s'ils en ont une version scannée. C'est bon, on peut passer au médical.
Nous attendons le biologiste, mon mari veut que je boive pour compenser mais je tiens bon. Arrivent le biologiste et la traductrice. Il nous explique que les embryons ont bien évolués, ils sont toujours cinq et de bonne qualité. Nous pouvons en implanter deux si nous acceptons le risque de la gémellité. Je n'attends pas la traduction pour lui dire que oui, oui, oui, c'est bon. Il regarde mon mari qui confirme. On confirme alors notre souhait d'en transférer deux et de congeler les autres. Pour la congélation, nous devrons attendre quelques jours pour savoir combien pourront être congelés. Quand le biologiste s'en va, j'éclate en sanglots. La traductrice me dit que ce sont de bonnes nouvelles mais, elle le comprend, de fortes émotions. Je me reprends.
Après ce bref entretien avec le biologiste, nous pouvons passer au transfert. Nous nous préparons (charlottes, chaussons, blouses), dans un autre style, je suis dans le même état que quand j'ai enfilé ma robe de mariée.
Dans une petite pièce adjacente, je m'installe sur un siège gynécologique. Là, c'est vrai, cela ne prend que quelques minutes, c'est plus rapide et moins douloureux qu'un frottis. D'abord la gynéco place le speculum et nettoie le col (j'ose pas imaginer comment c'est là-dedans avec utro-crado). Ensuite le biologiste amène la pipette avec les embryons et on les dépose dans l'utérus. Mon mari me tient la main et assiste à l'opération sur le moniteur, moi je ferme les yeux parce que j'essaie de me détendre. Je ne suis pas sûre d'avoir vraiment réussi, mais j'ai limité les dégats.
Après on peut retourner dans notre petite pièce et je peux aller aux toilettes. Ensuite je m'étends et je commence de nouveau à
m'inquiéter parce que j'ai peur d'avoir perdu ma carte de la clinique, celle qui contient mon dossier. Mon mari la trouve et ça va mieux. Je me relaxe un
moment, je suis entre la prière et l'hypnose. J'espère que les petites cellules vont rester.
Je ne sais plus à quel moment mais on nous a donné un document qui comporte:
- une photo de chaque embryon transféré (ils sont magnifiques, je trouve;)
- une photo de l'échographie avec une petite tache blanche (le liquide contenant les embryons)
- les détails concernant les embryons (4 cellules régulières chacun, l'un à 0% de fragmentation, l'autre à 10%)
- les seules infos que nous aurons sur la donneuse (son âge, son groupe sanguin)
Voilà! Après quelque chose comme une demi-heure de repos, nous sommes partis. On est rentrés en taxi à l'hôtel et je me suis couchée. Mon mari est allé faire du shopping et m'a ramené des gourmandises et un bijou adorable qui symbolise cette famille que nous souhaitons fonder. Nous sommes restés quelques jours à Barcelone. Depuis le transfert, je suis épuisée et j'ai un peu mal au ventre. Je crois que je somatise à mort...
Bref, on est rentrés et j'attends... jusqu'au 6 décembre. Mais comment vais-je faire?!